Soirées Fantastiques

Robert Houndin ou le culte de l’excellence

Oiseau chantant de Robert Houdin spectacle de magie exclusive Laurent Berertta

Les secrets de la postérité

« Dans la Galerie de Valois, au Palais-Royal, il y a un sorcier…Un sorcier véritable, un enchanteur réel, garanti et contrôlé, qui fait des miracles visibles à l’oeil nu. » Le Charivari, 10 juillet 1845. Quand Robert-Houdin rendit son ultime soupir, le 13 juin 1871, toutes les horloges de sa maison se mirent à sonner une fois et s’arrêtèrent à jamais…sa légende ne faisait que commencer. Dominé par sa passion, sa manie d’inventer et de perfectionner, Jean-Eugène Robert-Houdin (1805-1871) n’eut de cesse de surprendre et de fasciner de son vivant ; la qualité de ses inventions techniques et scientifiques ainsi que ses incroyables talents de magicien marquèrent fortement son époque.

Ses contemporains les plus célèbres lui reconnaissaient un talent prodigieux (Théophile Gautier, Victor Hugo, Charles Dickens…). Gaston Leroux, dans Le Fantôme de l’Opéra, a salué l’insaisissable « amateur de trappes » : « Qu’est-ce qu’un duel avec le plus terrible des bretteurs à côté d’un combat avec le plus génial des prestidigitateurs ? ». Plus tard, Orson Welles se définit comme acteur-magicien en référence à Robert-Houdin, dans F for Fake (1973).

S’il déménage en 1854, au 8 boulevard des Italiens, le théâtre portera cet illustre nom plus de 70 ans. Jusqu’en 1923, date de sa démolition, Georges Méliès, l’inventeur des effets spéciaux du cinématographe, en sera le dernier directeur. Les mémoires de Robert-Houdin, Une vie d’artiste, confidences d’un prestidigitateur (1858) vont inspirer des générations d’artistes dont le célèbre magicien américain Harry Houdini (1874-1926).

Un spectacle d'un genre nouveau

« Pour plaire au public, une idée doit être, sinon nouvelle, du moins transformée, de manière à devenir méconnaissable. » Robert-Houdin

Robert-Houdin a bien senti l’air du temps. La magie entre dans les salons, avec ce qu’il faut de culture, de bonnes manières et de gaieté pour y être immédiatement à sa place. Contrairement à ses prédécesseurs, il veut une mise en scène sobre, moins “mystique” et plus “scientifique” : « Laissez aux baladins les oripeaux et les bonnets pointus ». Il est souvent seul sur scène en costume queue de pie, et se démarque par son élégance et son humour. L’ambiance doit donner l’impression aux spectateurs d’être privilégiés.

La scène est meublée de deux consoles, d’une table du milieu, encadrée par deux guéridons. Tous ces objets sont truqués afin de faire disparaître des objets, en faire apparaître d’autres, voire disparaître eux-même. Les mécanismes, rigoureusement invisibles, donnent à sa scène, à sa table et à ses automates, vrais ou faux, l’apparence de la plus normale simplicité. Parmi les nombreux tours qui viennent composer le répertoire de Robert-Houdin, certains auront particulièrement la faveur du public : L’oranger merveilleux (1845) – Le carton fantastique (1845) – La seconde vue (1845), le premier tour de transmission de pensée –  Le pâtissier du Palais Royal (1845) – La suspension éthéréenne (1847) – Antonio Diavolo (1847), l’automate trapéziste – La pendule aérienne (1847)

Il fallait avoir vu Robert-Houdin. Aucune tête couronnée de passage à Paris, aucune célébrité du monde des lettres, des arts, de la politique ou du grand monde n’y manqua. Dès 1848, Robert-Houdin se produit également à Londres, au St. James’s Theatre, mais aussi à Buckingham Palace devant la reine Victoria, pour une représentation privée, consécration de son succès ! En 1849, il joue en Belgique, en Irlande et en Écosse et séduira l’Allemagne en 1854. De retour d’Algérie en 1856, c’est à Marseille qu’il donne ses dernières séances et fait ses adieux à la scène.

Affiche du spectacle Soirées Fantastiques de Robert-Houdin au 19e siècle

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